Si la crise est réelle en Grèce, le tourisme nous a été présenté comme un secteur en croissance et le domaine d’activités le plus à même de redresser l’économie du pays. La fréquentation du pays est en hausse : 22 millions en 2015, 25 millions de touristes internationaux en 2016. Peu de pays reçoivent 2.5 fois plus de touristes que d’habitants (cf. OMT). Même dans une zone rurale comme Gastouni existent des projets touristiques locaux. Plusieurs acteurs ont évoqué des perspectives de développement dans ce domaine. Le vigneron rencontré a évoqué des idées d’accueil sur l’exploitation. Le domaine Magna Grecia, qui réalise de la restauration et de la vente de produits élaborés sur place (vin huile d’olive…) à des groupes près d’Olympie, envisage de développer un hébergement. Leila Kladi, notre interlocutrice COPAE, souhaite maintenant créer un centre d’accueil de groupes plus important sur Gastouni avec apprentissage des langues, tourisme culturel, sensibilisation à l’environnement…
Cependant, notre interlocuteur Pandelis Kiprianos a insisté sur les problématiques liées à ce développement très fort du tourisme. En premier lieu, quelques entreprises transnationales étrangères ont tendance à accaparer une grande part du marché en rachetant des entreprises grecques, ainsi que ses infrastructures. En 2015, 14 aéroports grecs sont rachetés par un consortium allemand [voir lien ]. Un autre groupe allemand, TUI, contrôle les hôtels et les transports de passagers.. Une bonne partie des visiteurs que nous avons croisés à Olympie et à Magna Grecia sont des croisiéristes dont les dépenses sont captées par les géants du secteur comme MSC ou Costa.
Dans un deuxième temps, la politique de rigueur qui a poussé l’État grec à vendre les aéroports a également entraîné une relative hausse des tarifs dans les grands sites. Le plus frappant est l’augmentation du tarif de la visite à l’Acropole (de 15 à 20€ en quelques années). Cette hausse du tarif ne concerne pas le musée de l’acropole (5€) ni Olympie (12€ pour le site et les deux musées) et la gratuité continue de s’appliquer aux mineurs. Étant donné que le salaire moyen a fortement reculé depuis 10 ans (environ 700€), la population grecque adulte a de plus en plus de difficulté à accéder à son patrimoine. D’où l’importance de la gratuité pour les jeunes grecs qui peuvent encore rentrer librement. A contrario, notre passage dans la foule du Parthénon donne le sentiment qu’il existe un consentement à payer (et donc participer à la sauvegarde du patrimoine) de la part des touristes internationaux.
L’importance du secteur touristique nous est aussi apparue dans diverses discussions sur le modèle éducatif avec les habitants. En effet, si l’enseignement n’a pas complètement intégré l’apprentissage des langues, la population grecque fait le choix de consacrer une part importante de ses dépenses à l’éducation linguistique. Les écoles privées de langues sont nombreuses et très fréquentées. De très nombreux Grecs maitrisent l’anglais ou d’autres langues européennes. C’est un atout fort pour le développement du tourisme.
Pandelis Kiprianos parle d’une autre difficulté qui réside à l’échelle régionale dans l’absence d’aéroports. Dans l’Ouest-Péloponnèse, il n’existe pas d’aéroport civil. Un aéroport militaire permet à quelques avions civils d’atterrir (130 000 passagers par an). C’est potentiellement un axe fort de développement, même si l’autoroute Patras-Athènes a été réalisée récemment. L’accès routier est de bonne qualité, très peu fréquenté par les poids lourds.