Le Sindaco – ou maire, en français- Alfonso Nicolardi, nous accueille dans son bureau, au 1er étage de la mairie. Père de deux enfants, à 46 ans, il exerce le métier de viticulteur. Nous l’avons interrogé sur les points suivants :
Riolo Terme est une commune de 5000 habitants, siège du parc naturel régional « della vena del gesso »*.
Une évolution importante au niveau du fonctionnement local : toutes les compétences sont transférées à l’échelle intercommunale. Cette union a été permise par l’entente entre les maires de ces 6 communes (tous les maires ont la même sensibilité de centre-gauche). Ce rapprochement est assez précurseur en Italie.
Le personnel communal a été transféré à l’union intercommunale est également intercommunal, même s’il a montré quelques réticences.
En tant que maire, il craint l’instrumentalisation de la perte d’identité communale (il a peur que certains l’utilisent comme argument électoral). Ce maire est en cours de deuxième mandat (un maire en Italie est limité à deux mandats successifs).
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-Démographie :
Après la seconde guerre mondiale, la ville (totalement détruite) comptait 10 000 habitants, pour 5000 aujourd’hui. La population est vieillissante, elle diminue dans les petites villes et les villages, au détriment de Faenza qui est le bassin d’emploi dans la région. La population active agricole est cependant plutôt stable, et il y a même un mouvement chez les jeunes de « retour à la terre ». Une « mode » selon le maire.
La périrubanisation italienne n’est pas exactement comparable au phénomène français : Lien vers l’article
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-L’agritourisme en tant qu’initiative locale et outil de développement :
la région Emilie-Romagne a vraiment aidé au développement de ces activités de diversification dans les exploitations. La prise de conscience – de lier les deux activités agricoles et touristiques-, date de 30 ans.
C’est une compétence de la région mais il existe une volonté politique très forte ici, d’accompagner les initiatives des agriculteurs.
C’est un mouvement qui émerge en Toscane (viticulteurs dans le Chianti) relayé par les collectivités et qui sert de référence pour l’Emilie Romagne.
Croissance très forte : auberges, hôtels… 30% du tourisme intérieur est devenue agritouristique dans cette région. Surtout entre le printemps et l’automne. ce sont essentiellement des touristes citadins qui recherchent la tranquillité.
Les deux modèles sont en revanche assez différents :
En Toscane, les règles sont plus strictes : la totalité des produits viennent de la production de l’exploitation et du territoire.
En E-R, c’est moins strict (50% des produits servis doivent venir de l’exploitation). Les restrictions augmentent car les dérives sont nombreuses (faux agritourisme important et secteur hôtelier mécontent).
L’agritourisme prend différentes formes (voir exploitations visitées).
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-Le tourisme en Emilie-Romagne :
Dualité des contrastes forts forte du modèle touristique avec un tourisme balnéaire estival très dynamique, (Rimini) un réseau de villes touristiques situées au sud de la plaine du Pô (Parme, Modène, Bologne, Ravenne) et les contreforts des Appenins septentrionales un arrière-pays qui est marqué par des pratiques différentes et variées (culture, thermalisme, sport,…)
Le tourisme à Riolo Terme est un tourisme thermal très spécifique et historiquement important.
30 hôtels à Riolo pour 5000 habitants dans les années 1990. De plus en plus de courts séjours. les touristes restent une à deux semaines car c’est la durée de cure qui prime.
En 1996-97, la prise en charge des cures s’est arrêtée au niveau national, d’où la fermeture de beaucoup de centres… 11 hôtels aujourd’hui.
Toutes les structures d’hébergement agritouristiques sont déjà en convention de partenariat avec les thermes.
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Le diagnostic du territoire a mis en évidence un certain nombre d’éléments :
- zone agricole diversifiée, avec une forte identité (viticulture, arboriculture…)
- paysages particuliers
- agriculture de collines et agriculture de plaine qui cohabitent,
- patrimoine naturel (grottes) et historiques (châteaux forts « rocca »)–>Affiche Château de RIOLO
- biodiversité
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→ Son point de vue sur FICO
Grande opération commerciale : c’est un grand théâtre mais instrument utile pour faire connaître les productions si les touristes veulent aller plus loin et approfondir. (Voir article GAP ici)
En revanche, il a une vision très positive du mouvement Slow Food : ce label déposé et géré par une association a eu selon lui un vrai impact pour soutenir et préserver les produits typiques du territoire. (oignons nouveaux de Romagne par exemple, grenade…)
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→Son point de vue sur l’agriculture biologique
« c’est le sens de l’histoire. Il n’y a pas à être pour ou contre ».
Les incitations politiques font évoluer les choses.
Son avis personnel : système intermédiaire à titre personnel… mais c’est compliqué dans la vigne.
Pas d’alternative aux sulfites dans la transformation. Sur la production, pas de souci réel.
Dans la cantine scolaire, il a mis en place dans sa commune le développement des produits locaux (fruits « km0 », de saison, pas d’assiettes en plastique, eau du robinet…).
L’intercommunalité a pour objectif de partager toutes les compétences et les personnels : union des communes très forte ici. Peur des citoyens, de perte d’identité des communes…
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→ Son point de vue sur la situation italienne :
Très ouvertement, il nous a présenté son opinion sur l’évolution politique italienne, et le rôle du président Matarella dans l’équilibre des institutions et le garant du maintien de la démocratie . Il est particulièrement inquiet des tendances eurosceptiques à l’oeuvre dans son pays.
*Le parc naturel régional aide au tourisme environnemental (della vena del gesso) : le siège du parc est à la mairie de Riolo terme. Les activités nature se développent : randonnée, grottes, spéléologie, tourisme sportif comme le VTT : un grand raid mondial de 5 jours (400 inscrits).Ce parc est régional, créé il y a 15 ans. Il fonctionne avec des représentants des provinces (Bologne et Ravenne), des communes.6 salariés, travail en appui avec les collectivités. Beaucoup de fonds européens ont été exploités (12 à 15000 € ces deux dernières années).